Sonnet Louise Labé.
Les sonnets de Louise Labé
O dous regars, ô yeus pleins de beauté,
Petits jardins, pleins de fleurs amoureuses
Où sont d’Amour les flesches dangereuses,
Tant à vous voir mon oeil s’est arresté !
O coeur felon, ô rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j’ay coulé de larmes langoureuses,
Sentant l’ardeur de mon coeur tourmenté !
Donques, mes yeus, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ses yeus recevez :
Mais toy, mon coeur, plus les vois s’y complaire,
Plus tu languiz, plus en as de soucis,
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon oeil estre à mon coeur contraire.
Alfred de Musset, sonnet sur l’hiver.
Sonnet
Que j’aime le premier frisson d’hiver! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer!
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer;
C’est le temps de la ville. – Oh! lorsque l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),
Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine!
J’allais revoir l’hiver. – Et toi, ma vie, et toi!
Oh! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme;
Je saluais tes murs. – Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre coeur sitôt avait changé pour moi?
Alfred de Musset
Source : http://www.poesies.net