Larme

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Larme

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,

Je buvais, accroupi dans quelque bruyère

Entourée de tendres bois de noisetiers,

Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,

Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.

Que tirais-je à la gourde de colocase?

Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer.

Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge.

Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir.

Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,

Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L’eau des bois se perdait sur des sables vierges,

Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mare…

Or! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages,

Dire que je n’ai pas eu souci de boire!

Mai 1872.

Arthur Rimbaud

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2 commentaires

  1. harmony01 dit :

    J’aime beaucoup ce poème.
    Bonne après-midi !
    Harmony.

  2. Annie dit :

    Un petit coucou pour vous souhaiter une bonne soirée, merci pour ce beau poême !

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