L’albatros

 

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L’albatros

 

 

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à coté d’eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !

L’un agace son bec avec un brûle-gueule,

L’autre, mime en boitant, l’infirme qui volait !

 

Le poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l’empêche de marcher.

 

 

 

Baudelaire.

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L’ALBATROS (1884)


Dans l’ immense largeur du capricorne au pôle
le vent beugle, rugit, siffle, râle et miaule,
et bondit à travers l’ Atlantique tout blanc
de bave furieuse. Il se rue, éraflant
l’ eau blême qu’ il pourchasse et dissipe en buées ;
il mord, déchire, arrache et tranche les nuées
par tronçons convulsifs où saigne un brusque éclair ;
il saisit, enveloppe et culbute dans l’ air
un tournoiement confus d’ aigres cris et de plumes
qu’ il secoue et qu’ il traîne aux crêtes des écumes,
et, martelant le front massif des cachalots,
mêle à ses hurlements leurs monstrueux sanglots.

 


Seul, le roi de l’ espace et des mers sans rivages
vole contre l’ assaut des rafales sauvages.
D’ un trait puissant et sûr, sans hâte ni retard,
l’ oeil dardé par delà le livide brouillard,
de ses ailes de fer rigidement tendues
il fend le tourbillon des rauques étendues,
et, tranquille au milieu de l’ épouvantement,
vient, passe, et disparaît majestueusement.

Leconte de l’Isle

 

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3 commentaires

  1. Tao le chat dit :

    tres baudelairienne jacqueline, tant mieux pour moi, c’est mon poète de chevet!
    bisous de tao

  2. Patoo dit :

    Que de beaux textes !
    merci Jacqueline !

  3. Catherine Telle dit :

    Merci Jacqueline pour votre visite, je suis moi aussi parfois très fainéante, et celà tient beaucoup effectivement à notre état d’esprit. De la même manière que pour lire il faut avoir l’esprit libre, il faut aussi avoir l’esprit vagabond pour aller sur son blog et l’approvisionner en petites nouvelles. C’est promis ce week-end je vous donne quelques idées en matière de cadeaux ou tout simplement dans le but d’une lecture personnelle.
    J’aime beaucoup Baudelaire et la poèsie en général, nous pourrons y revenir.
    A bientôt ,
    Catherine

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